Le point de vue de l’expert
Interview de Philippe Rivière, Responsable de la stratégie numérique chez Art Explora
Membre de l’équipe d’organisation du Digital Art Month.
Pouvez-vous nous présenter le festival d’art numérique « Digital Art Month » ?
Digital Art Month est une programmation proposée par le groupe Beaux-Arts & Cie et son partenaire CADAF (“Crypto And Digital Art Fair”), autour de l’art numérique. Il se tient à Paris jusqu’au 30 juin 2021. Digital Art Month se compose d’un festival d’art numérique dans la ville et d’une foire en ligne d’art numérique CADAF Online.
Le festival propose cinq parcours dans la ville (autour du Trocadéro, à Saint Germain de Prés, aux Champs Élysées, dans le Marais et de la Villette aux Buttes Chaumont) dans lesquels le public pourra découvrir près d’une centaine d’œuvres d’art en réalité augmentée grâce à des QR codes, ainsi que plusieurs œuvres vidéo visibles sur écrans (grâce à notre partenaire ClearChannel). Ces QR codes ont été positionnés à des endroits stratégiques tels que des institutions culturelles, des commerces, des parcs et jardins et des stations Vélib.
En associant les commerces à cet évènement pour présenter des œuvres dans d’autres lieux que des galeries, vous illustrez le rôle des commerces de proximité dans l’animation de la ville. Qu’attendez-vous de cette expérience ? Comment cette initiative peut-elle être reproduite, voire pérennisée ?
Cet évènement est une merveilleuse occasion de retrouver le plaisir de la déambulation dans la ville couplée avec la découverte d’œuvres originales dans l’espace public. C’est également un moment fort de la relance des activités sociales, commerciales et culturelles dans Paris, au bénéfice du grand public comme de tous les acteurs de la ville (commerçants, institutions culturelles, réseaux de transport, etc.). Il était évident pour toute l’équipe que les commerces de proximité avaient un rôle à jouer dans cette réappropriation de l’espace public suite aux confinements et couvre-feu successifs. Les commerçants contactés grâce au GIE Paris Commerce ont d’ailleurs répondu avec enthousiasme !
Nous avons lancé cette édition du Digital Art Month à Paris après deux éditions réussies à New York, en octobre 2020, et à Miami, en décembre. Nous n’avons aucun doute du succès de ce mois car en ces temps de distanciation sociale, ce festival interactif permet de réunir le public et la communauté artistique autour d’une nouvelle expérience. Nous pensons qu’il s’agit d’une première édition et que d’autres verront le jour à Paris et ailleurs.
Avec les œuvres en réalité augmentée, vous offrez une expérience visuelle inédite à un moment où l’art numérique devient incontournable alors que son accès peut sembler restreint. Comment les commerces de proximité peuvent accompagner ce phénomène ? Peuvent-ils participer à la démocratisation de l’art numérique ?
L’art numérique est devenu un véritable phénomène de société, de l’espace public au marché de l’art. Pour l’art en réalité augmentée, son accès est très simple car à partir d’un QR code, le passant ou visiteur peut accéder via son propre smartphone à cet œuvre d’art d’un nouveau genre. Comme tout art, il est toujours intéressant d’avoir une mise en contexte, une présentation, un peu de médiation. Les commerçants peuvent jouer ce rôle en exposant des œuvres qu’ils apprécient et dont ils peuvent raconter l’histoire ou la signification. Ils pourraient même aller plus loin en travaillant directement avec des artistes pour concevoir une œuvre en lien avec leur commerce et proposer un prolongement numérique vers le physique (une édition pour des libraires, un parfum pour les parfumeurs, une boisson pour un bar, etc…).
Quelles perspectives voyez-vous pour l’art numérique dans la ville ?
Depuis des siècles, l’espace public est un lieu de présence artistique, de la statuaire classique à l’art contemporain et street art. En toute logique, l’art numérique, d’abord sous sa forme en réalité augmentée, y aura sa place prochainement. Des artistes de renoms aussi bien que des artistes émergents s’emparent de ce médium. Il ne manque plus qu’un lieu (commerces, institution, etc..) ou une collectivité se l’approprie et le propose sur le long terme pour enclencher un cycle et servir d’exemple.